Note de lecture

Julie Nakache, Le sang des filles, par Nicolas Rouzet

Julie Nakache, Le sang des filles, visuels de Diego Arrascaeta, éditions Exopotamie, 2023

L’auteur s’empare du thème de la filiation, celle d’une lignée de femmes : reines-mères-guerrières-sorcières/ sous les bombes et les bûchers/ qui cherchent les chemins de traverse, tentent d’être libres, de s’échapper, de refuser la loi des pères/ la loi des hommes/de résister-marcher dans les pas des enfants/ au galop de la terre.

Et le vers se fait saccadé, la voix haletante, sur le souffle, pour retranscrire cette course effrénée qui traverse les années.

Sang des filles, sang des mères, et que reste-t-il quand les demeures s’en vont, quelle mémoire, quelle transmission ? Pourquoi faut-il que les mères meurent ? Le livre évoque la perte, la mémoire d’une vieille femme qui se raccroche à des gestes infimes, à un décor suranné, à des souvenirs de guerre et d’amour de jeunesse, des souvenirs qui continuent à surgir avec la force du présent, si bien que l’on ne sait plus si ils sont d’hier ou d’aujourd’hui : Quand les fous marchent sur l’Europe/ volent tuent violent.

Deux images parcourent le livre pour dire cette filiation, les métaphores de la couture et du sang ( perte de sang de celle qui perd la vie, de celle qui la donne en accouchant ou de la jeune fille qui accède à la fécondité : son flux de lune est flux de vie/ son flux de sang sève d’amour. Coudre et découdre : l’aiguille dans le tissu est une cicatrice/ le fil dans l’aiguille/ le lien qui me relie à son histoire. Geste ancestral des Parques qui cousent les destins et de toutes ces ménagères qui durant des générations devaient occuper leurs mains à des travaux « utiles » à tisser et détisser les fils/ contempler l’armoire du temps. Etrange homonymie entre les mots fil/ fille/ filiation… Le fil est ce qui relie les générations, rassemble ce qui est déchiré, tente de réparer tout en nous laissant pourtant les cicatrices de la mémoire et des traumatismes dont nous héritons.

Nicolas Rouzet

Anne Mulpas, Macadam donna (ça me trouble), éditions de Corlevour

Au magnifique catalogue des poètes parus aux éditions de Corlevour, Anne Mulpas vient ajouter une voix très sûre et singulière qui prend ici racine en Terre, Terra, Gaïa ou tapis des vaches, en toutes sortes de décors plantés pour faire entendre en un recueil polyphonique les « trois protagonistes du vivier »

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John Reed, Broadway la nuit et autres écrits, Nada

Le livre de John Reed, 10 jours qui ébranlèrent le monde, a connu depuis sa première publication en 1919 à New York de nombreuses traductions et d’innombrables rééditions, devenant un best-seller international depuis plus d’un siècle. Actuellement, en France, il en existe deux éditions de poche et plusieurs brochées, la meilleure et la plus complète étant sans doute celle des éditions Nada…

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Howard Fast, La route de la liberté, Les bons caractères

Auteur fécond et divers, le romancier et scénariste états-unien Howard Fast (1914-2003), d’origine juive ukrainienne, est l’auteur d’une cinquantaine de romans et de plusieurs recueils de nouvelles. Adhérent du Parti communiste américain, il figure aussi parmi les victimes de la commission McCarthy.

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Mélusine Reloaded, Laure Gauthier, éditions José Corti

Jour chômé_un temps pour soi. Derrière la porte close, choisir un livre, se laisser appeler. MÉLUSINE RELOADED > une fée pour recharger les batteries, trouver des munitions, celles du vivre et du créer. Un conte écoféministe, un roman dystopique… oui sans doute… mais avant tout un geste.

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Gérard Macé, Silhouette parlante, éditions Gallimard, par Etienne Faure

Pour celles et ceux qui ont la chance de lire régulièrement Gérard Macé, c’est toujours le sourire aux lèvres qu’ils abordent un de ses nouveaux ouvrages. Car cette voix très distincte, distinguée, feutrée – et même féroce– nous a habitué à lire avec cette légère distance focale entre les lignes de la vie qu’il donne à voir sous forme d’essais, de notes, de déambulations, de colportages…

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François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Comme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à tire-d’aile…

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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