Note de lecture

Justyna Bargielska, L’enfant des dons, éditions LansKine – par Étienne Faure

C’est en version bilingue, grand luxe en ces temps, que le sixième recueil de la poète polonaise, Justyna Bargielska, est présenté par Isabelle Macor, traductrice, qui donne quelques repères décisifs en postface pour une entrée en matière dans ces trente-trois textes. Ecrits en vers libres, ces poèmes d’un semblable gabarit sont comme des extraits d’une scène ou d’une situation quotidienne qui nourrissent chaque instantané. On y trouve donc dans le désordre de la vie tout ce qu’on nomme rêve, mort, revenants, amour, humour, fils, photo qui fait pleurer, Dieu, Vierge Marie, viande crue, chauffeurs de tram, chiens et chiennes, chaussures, godemichets, étoiles, cosmos, nouvelles planètes, araignées…Le matériau, se réjouit-on aussitôt, est donc celui de la vie qui attaque le poème par n’importe quel angle. Une vertu bien aimée et appréciée, en particulier chez certains romanciers ou poètes polonais, où grince le rire et parfois cette pointe superbement grotesque chère à cette filiation. Un petit sommaire des titres pourrait dire en quelques lignes ces fulgurances. Au hasard : Engendrée, non pas créée ; Quand tu marches et que soudain, tu te mets à courir ; La femelle du caillou ; Je sors, rends-moi ma jambe…Une écriture au ton grinçant où la perte, sans pathos, est souvent présente : « entre la perte et le profit./ On pourra vivre à côté de cette photo et c’est nécessaire,/juste et sage. On ne pourra pas vivre/sans l’avoir à côté de nous. » Oui, un petit cosmos, dans tous ses états et ses ambitions est là, unique, dans un télescopage de textes lapidaires et efficaces où l’énergie du désespoir et du rire tout à la fois prévalent : « Vendredi après l’école, je n’ai pas pu me tuer comme je l’avais projeté/car j’ai dû donner le sein à l’enfant, trouvé sur le pallier ». Le tout sous une magnifique couverture à la texture sépia, au kitch soigneusement séculaire et rustique sous sa belle signature végétale.

Etienne Faure

François Bordes, Zone perdu, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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