Note de lecture

Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Comme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à tire-d’aile : vol en verbe, vol en vers (ici retrouvé après Et puis prendre l’air, le dernier recueil composé de poèmes en prose) ou vol en vérité (« la vérité avec un grand V dans le ciel qui passe »), écrire et voler sont bel et bien affaire « de plumes ». Qu’elle s’attache aux boulevards parisiens ou aux « alpages », qu’elle explore l’hémisphère sud ou s’attarde à « scruter » quelques toiles, chaque séquence du recueil, à l’image de l’oiseau de la formation en V, présente des similitudes avec celles qui l’entourent : Etienne Faure isole chaque fois un fragment de vers en italique, dernier sillage de l’écriture qui en condense la teneur mélancolique ; il joue surtout d’effets de rythme troublants qui constituent la signature de ses textes versifiés. Les frontières des vers, franchies en déboitements légers, offrent autant d’échappées hors de nos pesanteurs. Le poème, ainsi, ménage ces ajours précieux qui sont autant de trouées en direction d’autres vies possibles (une séquence s’intitule « Que ne suis-je »), tandis que l’œil, toujours levé à travers l’embrasure des fenêtres, tâtonne en direction d’un ciel incertain (« Que pèsent les nuages et que durent les dieux »). Le recueil oscille alors, en un équilibre fascinant, entre une poignante nostalgie qui insiste en se colorant de résonances apollinariennes, et un sens de l’émerveillement qu’il s’agit de préserver coûte (« continuer d’écrire comme d’être ébloui, à regarder le monde si j’y suis »).

« A tire-d’aile » et « sans frontières », le recueil d’Etienne Faure trace un précieux sillage dans notre ciel.

Anne Gourio

François Bordes, Zone perdu, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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