Note de lecture

Dominique Sorrente, Ici ne tient jamais en place, par Nicolas Rouzet

Dominique Sorrente, Ici ne tient jamais en place, éditions Voix d’Encre, illustrations d’Anne Slacik, 2022

Pas besoin de vous faire un dessin pour vous dire que Dominique Sorrente est un méditerranéen. Les rivages de la Méditerranée, ses côtes morcelées, ses îles, ses forteresses, sont bien plantés dès ses premiers recueils « Citadelles et mers » en 1978 et « La lampe allumée sur Patmos » en 1982.

Pourtant c’est vers l’Ouest et l’Atlantique, qu’il nous entraîne, vers la pointe d’Arçay plus précisément, une longue flèche de sable dont il se fait ici littéralement l’archer, promeneur infatigable, et « maladroit poursuivant » qui met en garde les rares promeneuses au pas plus leste contre la violence des marées : un poète attentif aux vibrations, aux ondes mouvantes, aux paysages visibles et invisibles car tout est mouvement et « tout commence toujours ».

Pourtant l’Ouest c’est aussi là où se couche le soleil, là où les terres finissent. Il y a un côté « chant du cygne » dans ce recueil où le poète-promeneur arpente en solitaire ces rivages qu’il habite depuis l’enfance, où jouent maintenant d’autres enfants construisant « un château de sable survivant » rescapé de la marée et qui « a gagné douze heures/ sur sa disparition. / douze heures à vie de château, combien cela fait-il/ à vie d’homme,/ à vie de papillon ou de palourde ? ».

Pourtant pas d’amertume, même si la vie est éphémère, même si « ce qui s’effondre tout autour mérite l’effroi » et si « le monde est à feu et à sang », le poète cherche l’apaisement et se livre à la joie de contempler le vivant, le mouvement.

« Tout coule, et Héraclite,/ qui ne se baigne jamais deux fois/ dans le même fleuve ou la même mer/ sans en changer l’eau,/ ne pense pas que ce soit une tragédie ».

N’y aurait-il pas quelque chose de taoïste dans ce recueil ? Le Tao signifiant « chemin » et fonctionnant par couples contraires comme le fait l’auteur avec l’ici/l’ailleurs, le flux/le reflux, l’immobilité/le mouvement, le commencement/ la fin, la présence/la disparition.

Nicolas Rouzet

François Bordes, Zone perdu, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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