Note de lecture

Cécile A. Holdban, Osselets, par Anne Gourio

Cécile A. Holdban, Osselets, Le Cadran ligné, 2023

Poursuivant dans Osselets sa veille attentive du sensible, Cécile A. Holdban offre dans son dernier recueil un ensemble de très brefs poèmes associés en séries (« Nuagier », « Larmier », « Vaguier », « Miniatures »), où s’invente un espace d’écriture singulier, entre le haïku et l’aphorisme, entre la notation sensible et la pensée, un espace qui permette d’accueillir les nuances du nuage, de la pierre comme de la larme. Chaque osselet peut être lancé pour lui-même, délivrant son petit ciel, comme il peut être jeté avec d’autres pour ricocher plus loin et ouvrir un jeu d’échos. Car Cécile A. Holdban construit son recueil autour de l’alliance de ces petits heurts et de ces liens ténus entre une série et la suivante – comme pour tisser et relier, toujours, dans nos existences éparses. Tisser, mais aussi questionner : si la larme appelle la transparence, le dépouillement ne va jamais dans le sens de la simplicité naïve ; un paradoxe se noue souvent dans le croisement de quelques vers (« Observant le labyrinthe / je suis à la fois celui qui le crée / et celui qui s’y perd » ; « La pierre tombe / à l’envers / pour rejoindre un oiseau » ; « Sous l’écaille des océans / scintille / un horizon vertical »). Déplaçant nos repères, perturbant, interrogeant, la poésie de Cécile A. Holdban trouve le ton juste pour inquiéter les évidences au plus près du sensible, sans que jamais les mots ne pèsent. Cette disponibilité au monde, consciente de la fragilité du vivant, ouvre dans le poème un jeu de plis et de replis, comme le fait l’art de l’origami qui inspire une des séries du recueil : « plier les coins du ciel / en chaque arbre / puis en chaque feuille ». Sur la feuille de l’arbre comme sur la feuille du poème s’invente ainsi, avec Cécile A. Holdban, un art de la vigilance et de l’attention poétiques, dont on ne saurait redire combien il est précieux aujourd’hui. « Mélange ton alphabet à celui des graminées / ton ombre sera plus légère ».

Anne Gourio

François Bordes, Zone perdu, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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