Note de lecture

Guy Debord, Histoire, L’échappée – par Charles Jacquier

Après les volumes Stratégie, Poésie etc., Marx Hegel (voir Phoenix, n° 32 & 36), ce nouveau volume des fiches de lecture de Guy Debord, conservées à la Bibliothèque nationale de France, est consacré à l’histoire. Avant toute chose, il faut encore redire la qualité éditoriale de ce travail, précis, méticuleux et rigoureux. Comme dans les précédents titres, le lecteur y retrouvera, sur ce thème comme sur ceux abordés auparavant, les auteurs et les événements qui ont façonné la pensée de Debord, mais sera étonné par l’ampleur des périodes considérées : elles vont en effet de la cité antique et de la démocratie athénienne jusqu’au temps des révolutions (anglaise au XVIIe siècle, 1789, 1848 et Commune de Paris en France, révolution spartakiste de 1918-1919 en Allemagne, Espagne de 1936-1937, Mai 1968, en passant par la société féodale du Moyen Âge en Europe, les sociétés du Maghreb médiéval, la guerre des paysans (Allemagne, XVIe siècle), la vie quotidienne en Angleterre au XVIe et XVIIe siècles ou l’histoire des syndicats britanniques. L’éventail des auteurs est tout aussi large puisqu’il va des témoignages vécus (par exemple, Borkenau et Kaminski sur l’Espagne de 1936, le cardinal de Retz sur le Fronde) à des historiens de métier novateurs comme Fustel de Coulanges ou Marc Bloch, et même des œuvres littéraires comme La Mort de Danton de Büchner, les Mémoires d’outre-tombe de Châteaubriand et Cavalerie rouge d’Isaac Babel.

De cet imposant ensemble de fiches de lecture, « un fil conducteur » se détache, selon Daniel Vassaux, l’auteur de la postface : « elles renvoient le lecteur à la notion centrale de lutte autour de la possession et de l’usage du temps historique, lutte par laquelle Debord envisage toutes les formes de pouvoir constitué et, parallèlement, toutes les formes de projet révolutionnaire dans l’histoire ». On lira ainsi avec une particulière attention les fiches concernant la Fronde avec les Mémoires du cardinal de Retz et le livre de l’historien soviétique Boris Porchnev, Les Soulèvements populaires en France de 1623 à 1648 ainsi que les commentaires à ce sujet de Daniel Vassaux. Ils éclairent non seulement d’un nouveau jour ces événements par rapport à l’historiographie française sur le sujet mais aussi le rapport de Debord à l’histoire.

Celui-ci évoque aussi le petit livre de Richard Gombin, Les Origines du gauchisme. « Gombin conclut : ou bien le gauchisme (i.e. l’IS !) exprime l’avenir historique ; ou bien il représente les dernières résistances à “un univers qui tend à l’organisation rationnelle de tous les aspects de la vie”. On peut donc trancher : car ce monde du management, avec la pollution – au sens large – vient d’étaler son irrationnel absolu (mots soulignés et en italiques dans le texte). » Le lecteur tranchera lui-même entre les termes de cette alternative qui, de nos jours, penche dangereusement du mauvais côté…

Charles Jacquier

François Bordes, Zone perdu, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Note de lectureComme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à...

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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