Note de lecture

John Reed, Broadway la nuit et autres écrits, Nada, 2025, 272 p.

Le livre de John Reed, 10 jours qui ébranlèrent le monde, a connu depuis sa première publication en 1919 à New York de nombreuses traductions et d’innombrables rééditions, devenant un best-seller international depuis plus d’un siècle. Actuellement, en France, il en existe deux éditions de poche et plusieurs brochées, la meilleure et la plus complète étant sans doute celle des éditions Nada qui doivent aussi rééditer prochainement la biographie que Robert Rosentone a consacré à John Reed, bohême et révolutionnaire. L’immense succès de 10 jours qui ébranlèrent le monde a longtemps caché le reste de l’œuvre de John Reed (1887-1920) et il a fallu toute l’obstination de François Maspero pour publier et traduire deux autres de ses livres, Le Mexique insurgé, sur la révolution mexicaine, et La Guerre dans les Balkans, sur les ravages de la Première Guerre mondiale dans cette région[1]. Mais il restait encore un aspect de l’œuvre de John Reed à découvrir avec les nouvelles et récits qu’il donna à la presse américaine, principalement au mensuel progressiste The Masses, fondé en 1911 et suspendu par le gouvernement américain en 1917, dont le sous-titre annonçait la couleur : « a monthly magazine devoted to the interests of the working people » (« un magazine mensuel défendant les intérêts des travailleurs »).

Ces courts textes du journaliste John Reed évoquent les lieux qu’il a fréquentés et les personnages qu’il a côtoyés dans sa vie, même s’ils se présentent comme des fictions. On y retrouve bien sûr les bas-fonds de New York mais aussi la France en guerre, de Paris à Lille, ou encore le conflit mondial dans les Balkans et, auparavant, le Mexique en révolution car le propre de Reed est de vouloir voir de ses propres yeux l’histoire en train de s’écrire. Non comme les 10 jours qui ébranlèrent le monde pourraient le laisser croire pour y construire une mythologie réconfortante mais pour observer comment des femmes et des hommes ordinaires se comportent dans des situations extraordinaires qui les dépassent. Mais, dans ce recueil, ce n’est pas la grande Histoire qui retient le plus l’attention mais des histoires banales, ordinaires comme ces personnages marginaux fascinés par la grande ville et résolus à tout pour essayer d’y vivre, voire d’y survivre, non pour y réaliser des rêves illusoires mais juste parce qu’ils aiment « cette inconséquence folle, ce formidable chaos » qui les entourent et concluent : « Pourquoi s’entêter à chercher un sens à la vie ? » À notre sens, les récits qui se déroulent à New York ou aux États-Unis font le principal intérêt de ce recueil dont il faut souligner, comme c’est souvent le cas avec cet éditeur, l’excellente édition illustrée et la roborative préface de Solomon Bovshover qui cite cette belle remarque du poète et éditeur de la Beat Generation Lawrence Ferlinghetti (1919-2021) à propos de Reed :

« Ces écrits incarnent cet esprit américain révolté toujours présent, plus proche de Whitman que de Lénine – de fait, Reed connaissait mieux les écrits de Whitman. Cet esprit rebelle est bien plus anarchiste qu’autoritaire. […] En eux transparaissent un enthousiasme et un amour de la vie, un regard lucide et souvent enjoué sur le monde, doublé de l’attitude rebelle de la jeunesse. »

Charles Jacquier

[1] Les deux ont paru au Seuil en 1996.

Howard Fast, La route de la liberté, Les bons caractères

Auteur fécond et divers, le romancier et scénariste états-unien Howard Fast (1914-2003), d’origine juive ukrainienne, est l’auteur d’une cinquantaine de romans et de plusieurs recueils de nouvelles. Adhérent du Parti communiste américain, il figure aussi parmi les victimes de la commission McCarthy.

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Mélusine Reloaded, Laure Gauthier, éditions José Corti

Jour chômé_un temps pour soi. Derrière la porte close, choisir un livre, se laisser appeler. MÉLUSINE RELOADED > une fée pour recharger les batteries, trouver des munitions, celles du vivre et du créer. Un conte écoféministe, un roman dystopique… oui sans doute… mais avant tout un geste.

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Gérard Macé, Silhouette parlante, éditions Gallimard, par Etienne Faure

Pour celles et ceux qui ont la chance de lire régulièrement Gérard Macé, c’est toujours le sourire aux lèvres qu’ils abordent un de ses nouveaux ouvrages. Car cette voix très distincte, distinguée, feutrée – et même féroce– nous a habitué à lire avec cette légère distance focale entre les lignes de la vie qu’il donne à voir sous forme d’essais, de notes, de déambulations, de colportages…

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François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Comme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à tire-d’aile…

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Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani.

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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