Note de lecture

Frédérique Guétat-Liviani, Il ne faudra plus attendre un train, éditions LansKine – par Étienne Faure

Ce recueil emprunte son titre à l’une des trois parties qui le composent : si c’était le cas, (passe) ; il ne faudra plus attendre un train. En découvrant cette composition, on pense spontanément à un ensemble où viendrait s’intercaler le texte de (passe). Puis l’œil et l’oreille distinguent vite une même voix, dans ces deux pans, deux partis pris formels différents dans le cheminement de l’écriture de Frédérique Guétat-Liviani. C’est dans les trous de la parole que le poème progresse, hésite, cherche. Des blancs, des temps d’arrêt en résonance, comme on reprend son souffle ou cherche ses mots, débarrassés de toute ponctuation et majuscule qui font les repères usuels d’une phrase. Pour autant la ligne narrative est bien là, dans chacune des parties qui organisent ce recueil où le personnage clé nie la vie, la sienne, celle qui la rattache aux autres, à son propre fil génétique :

« ma nie
nie tout en bloc les enfants filles et garçon
toutes les sortes de descendance non elle ne les connaît pas »

L’écriture semble aller à contre-courant de cette négation, de cette préparation à la disparition qu’annonce avec insistance la perte de la mémoire. Et de la langue avec la disparition physique :

« la dernière locutrice de ma langue première s’éteint
en tout début d’après-midi »

La mort et la naissance, se mêlent en un même souffle comme
« lorsque nous faisions corps elle
la mère inconnue et moi l’enfant reconnue »

Ultime rencontre avec la mère, la mort se profile
« comme pour une naissance prévision aléatoire ».

Des textes qui tracent peu à peu des esquisses aux traits légèrement estompés, et cependant affirment lentement, d’une main sûre et d’un regard ferme, cette dureté sans emphase qui fait la force de ce recueil. Ourlé d’une belle couverture dont on présume qu’elle est aussi la signature de la poète.

Etienne Faure

Anne Mulpas, Macadam donna (ça me trouble), éditions de Corlevour

Au magnifique catalogue des poètes parus aux éditions de Corlevour, Anne Mulpas vient ajouter une voix très sûre et singulière qui prend ici racine en Terre, Terra, Gaïa ou tapis des vaches, en toutes sortes de décors plantés pour faire entendre en un recueil polyphonique les « trois protagonistes du vivier »

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John Reed, Broadway la nuit et autres écrits, Nada

Le livre de John Reed, 10 jours qui ébranlèrent le monde, a connu depuis sa première publication en 1919 à New York de nombreuses traductions et d’innombrables rééditions, devenant un best-seller international depuis plus d’un siècle. Actuellement, en France, il en existe deux éditions de poche et plusieurs brochées, la meilleure et la plus complète étant sans doute celle des éditions Nada…

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Howard Fast, La route de la liberté, Les bons caractères

Auteur fécond et divers, le romancier et scénariste états-unien Howard Fast (1914-2003), d’origine juive ukrainienne, est l’auteur d’une cinquantaine de romans et de plusieurs recueils de nouvelles. Adhérent du Parti communiste américain, il figure aussi parmi les victimes de la commission McCarthy.

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Mélusine Reloaded, Laure Gauthier, éditions José Corti

Jour chômé_un temps pour soi. Derrière la porte close, choisir un livre, se laisser appeler. MÉLUSINE RELOADED > une fée pour recharger les batteries, trouver des munitions, celles du vivre et du créer. Un conte écoféministe, un roman dystopique… oui sans doute… mais avant tout un geste.

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Gérard Macé, Silhouette parlante, éditions Gallimard, par Etienne Faure

Pour celles et ceux qui ont la chance de lire régulièrement Gérard Macé, c’est toujours le sourire aux lèvres qu’ils abordent un de ses nouveaux ouvrages. Car cette voix très distincte, distinguée, feutrée – et même féroce– nous a habitué à lire avec cette légère distance focale entre les lignes de la vie qu’il donne à voir sous forme d’essais, de notes, de déambulations, de colportages…

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François Bordes, Zone perdue, par Anne Mulpas

Zone perdue – fragments d’itinérance. Je reprends ma chronique. Sa première version date déjà d’il y a trois semaines. A L’ours & la vieille grille. Sa deuxième version s’impose après mon cheminement dans l’exposition Rothko. Me voici au troisième temps du texte, à moins que ce ne soit le quatrième, le centième…

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Étienne Faure, Vol en V, éditions Gallimard – par Anne Gourio

Comme on suit, fasciné, la trajectoire des oiseaux migrateurs, le dernier recueil d’Etienne Faure puise dans le ballet aérien de leur « vol en V » un sens de l’élan, du franchissement, du frayage qui se nuance en légères et souples inflexions au fil des espaces traversés à tire-d’aile…

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Le journal des poètes 1/2022 – par Nicolas Rouzet

Le Journal des Poètes, numéro 1 de l’année 2022 – La langue est aussi frontière, nous dit Jean-Marie Corbusier, pratiquer un art, c’est toujours ouvrir quelque chose qui est présent autour de nous. C’est d’un même esprit d’ouverture que témoignent les poètes luxembourgeois auxquels est consacré le dossier présenté par Florent Toniello. Ici les langues dépassent les frontières, elles se chevauchent…

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