Phœnix, voici le jour ! Léon-Gabriel Gros

La filiation clairement revendiquée des Cahiers du SUD à SUD, puis à Autre SUD, n’est pas démentie par la disparition du mot SUD dans le titre de notre nouvelle revue. Simplement, il nous a paru que, s’il fallait certes conserver la mémoire de nos origines, nous avions d’autres moyens pour cela que reprendre ad vitam æternam, sous telle ou telle forme, un mot glorieux mais qui devenait casserole, alors que le nouveau titre devait, à notre idée, s’inscrire dans cette continuité tout en signalant une certaine forme de rupture délibérée. C’est pourquoi, considérant que notre logo (fruit des interventions juxtaposées de trois d’entre nous, et définitivement adopté) représentait un oiseau volant dans un soleil de flamme ; que la publication nouvelle prouvait sa capacité à renaître des cendres de la précédente ; que notre jeune doyen, F.J. Temple, avait créé en son temps une revue nommée Fénix ; qu’enfin notre ami Léon-Gabriel Gros – qui fut, on le sait, rédacteur en chef des Cahiers du SUD puis membre du conseil de rédaction de SUD – nous fit l’honneur et l’amitié de publier son ultime recueil dans la « petite » collection SUD Poésie sous le titre flamboyant de Phœnix, et que ce serait un hommage à lui rendre en assurant beaucoup plus subtilement la filiation, le rédacteur en chef de la défunte Autre SUD, abandonnant son idée d’intégrer le mot SUD au nouveau titre, proposa, pour la revue naissante, le titre : Phœnix, dans cette graphie puisque c’était précisément une spécificité voulue par le poète – comme nous l’apprend André Ughetto en sa belle préface aux Œuvres complètes de L.-G. G. justement parues aux éditions SUD. Et ce titre, dangereux mais beau, sifflant comme un coup de fouet, fut adopté à l’unanimité par le conseil de rédaction d’Autre SUD, qui signait ainsi l’acte de naissance de ces nouveaux cahiers littéraires internationaux et s’en instituait le conseil. Outre les membres reconduits, après la douloureuse disparition de Jean-Max Tixier et l’amicale et indispensable venue de Téric Boucebci, un autre ami qui n’est plus à présenter, Jean Orizet (né du côté de l’Estaque !) nous fit l’honneur et la joie d’accepter de s’agréger à l’équipe.

Cette présentation est donc collégialement signée : Yves Broussard, Téric Boucebci, Françoise Donadieu, Joëlle Gardes, Daniel Leuwers, Jacques Lovichi, Jean Orizet, Jean Poncet, Frédéric Jacques Temple et André Ughetto, qui constituent le conseil souverain de Phœnix.

N.B. : Lors du dernier des repas aux Arcenaulx durant lesquels le conseil de rédaction de la défunte revue Autre SUD avait coutume de rencontrer nombre de ses lecteurs, ce qui devint habituel à chaque parution et le sera pour Phœnix, nous avons eu la surprise, le plaisir et la joie de voir (sans les trois coups) apparaître notre ami Marcel Maréchal – exceptionnellement de passage à Marseille pour y présenter Bada – venu nous saluer et rappeler les liens très forts qui unissaient alors notre revue au théâtre national de la Criée : soirées consacrées à chacun d’entre nous ; numéros spéciaux sur Jean Vauthier – auteur fétiche de Marcel –- ou sur cet autre ami, Jacques Audiberti ; et tant de manifestations communes, enthousiastes et fraternelles. J’y ai vu, pour ma part (et je ne suis sûrement pas le seul), le signe annonciateur d’une future réussite pour Phœnix, que confirma la présence de Jean Puech, de la librairie La Touriale, qui tint naguère, avec quelques autres, la revue SUD sur les fonts baptismaux sous l’autorité de Jean Malrieu. Décidément, il n’est point de hasard ! J.L.